Il y a un an (le 1er janvier 2023) je sortais de ce fameux 10 jours de méditation en silence dont j’avais tant entendu parlé, que je voulais absolument faire ! Ce fut exactement le bon moment pour moi, à plusieurs niveaux. Une expérience qui m’a métamorphosée subtilement et profondément aussi.
Vipassana est une technique de méditation bouddhiste qui vise à développer la conscience de soi et à atteindre une compréhension profonde de la réalité. Cette pratique consiste à porter attention aux sensations physiques dans le corps, en se concentrant tout d’abord et uniquement pendant les 3 premiers jours sur la respiration. Considérée comme un moyen de purifier l’esprit et de développer la sagesse, elle est souvent enseignée lors de retraites de méditation de 10 jours en silence dans différents endroits au Monde. En l’occurence, ici au Québec, le Centre se trouve à Montebello.
Ces retraites de Vipassana de 10 jours reposent sur une immersion complète dans la pratique de la méditation, y compris avec des instructions quotidiennes, des séances de méditation guidées et tout cela dans le Noble silence. Nous sommes invités à s’engager à ne pas parler pendant la durée de la retraite, pour permettre une concentration plus profonde sur la méditation.
Un certain nombre d’autres règles de conduite s’ajoutent à cela, comme ne pas fumer, ne pas écouter de la musique, ne pas utiliser des appareils électroniques et ne pas lire ou écrire pendant le séjour. Les retraites sont financées par les dons des anciens participants et les nôtres pour les suivants que nous sommes invités à faire au 11e jour, celui de notre départ et du retour du « Noble bavardage » .
Réputées pour être les enseignements purs du Bouddha, elles ont été mis en place par S.N. Goenka, originaire de Birmanie. Il a passé de nombreuses années à étudier et à pratiquer la méditation Vipassana sous la direction de son maître, Sayagyi U Ba Khin, avant de devenir lui-même un enseignant. Il a ensuite voyagé à travers le monde pour enseigner la méditation Vipassana, fondant de nombreux centres de méditation et organisant des retraites de Vipassana de 10 jours. Il est surtout connu pour son approche « purifiée » de la technique de Vipassana, qui se concentre sur la pratique personnelle plutôt que sur la théorie ou la doctrine religieuse. Goenka est décédé en 2013, mais ses enseignements continuent d’être suivis par de nombreux étudiants de Vipassana dans le monde entier, grâce aussi aux nombreux enregistrements audio-visuels, conférences, discours qui demeurent une base et la trame de ces retraites.
Dans les premiers jours nous pratiquons Anapana, un mot en Pali qui signifie « attention à la respiration » ou « observation de la respiration ». C’est une technique de méditation qui consiste à se concentrer sur la respiration pour développer la conscience de soi et la concentration mentale. La pratique d’Anapana est généralement considérée comme une étape de base dans la pratique de Vipassana.
Cette technique consiste à se concentrer sur la respiration, en portant attention à l’air qui entre et sort du nez, sans chercher à la contrôler. Nous sommes invités à devenir conscients des sensations physiques dans le corps, et à les observer avec une attitude d’équanimité. Sans utiliser aucune verbalisation, mantra, images ou pranayama, ni aucun exercice de méditation connu, nous nous astreignons à suivre ces simples consignes, du mieux que nous pouvons et ce n’est pas si évident, croyez-moi !
Au fur et à mesure que nous devenons plus habiles à porter attention à nos sensations physiques, nous utilisons cette capacité pour explorer d’autres domaines du corps (balayage corporel), et ainsi développer une compréhension profonde de la réalité.
La méditation Vipassana a été étudiée par des chercheurs de différentes disciplines, notamment en psychologie, neuroscience, médecine et psychiatrie. Ces études ont montré des résultats prometteurs dans de nombreux domaines, tels que la réduction du stress, l’amélioration de l’attention, la régulation émotionnelle, la douleur chronique et la santé mentale globale.
En utilisant des techniques d’imagerie cérébrale, ces chercheurs ont pu pour montré les effets sur les réseaux cérébraux impliqués dans la régulation émotionnelle, la cognition, la douleur et la régulation de l’attention. Certaines études ont même montré que la méditation Vipassana peut réduire les activités cérébrales dans les régions associées à la réponse de stress et à l’anxiété, tandis que d’autres ont montré une augmentation de l’activité dans les régions impliquées dans l’attention et la cognition.
La pratique régulière améliorerait la fonction immunitaire, la pression artérielle et la régulation de la fréquence cardiaque. Elle réduirait les symptômes de la dépression et l’anxiété.
Tout le long du séjour, nous sommes invités à suivre le Dhamma
Le Dhamma (ou Dharma en sanscrit) est un terme central dans le bouddhisme qui peut être traduit comme « loi naturelle » ou « enseignement suprême ». Il désigne l’ensemble des enseignements et principes de la voie bouddhiste qui montre comment atteindre l’éveil spirituel (ou Nibbana en Pali).
Le Dhamma comprend les enseignements de Bouddha sur la nature de la réalité, la souffrance humaine et la voie pour y mettre fin. Il comprend également les pratiques spirituelles recommandées pour atteindre cet état de libération, telles que la méditation, la moralité et la sagesse.
Ce guide pour comprendre et transcender les souffrances humaines telles que la maladie, la vieillesse et la mort, et pour atteindre un état de paix intérieure et de libération spirituelle, est également considéré comme un enseignement universel qui peut être compris et pratiqué par tous, indépendamment de la culture ou de la religion. J’ai vraiment apprécié les origines très diverses et variées de la centaine de personnes présentes.
Le Dhamma est un enseignement vivant et en constante évolution, qui s’adapte parfaitement aux besoins et aux circonstances changeantes des individus et des sociétés. Les pratiques Vipassana en font partie, l’enseignement de Goenka est basé sur les enseignements originaux de Bouddha, mais il est adapté aux besoins de l’époque moderne.
J’ai fait face à diverses difficultés et défis tout au long de mon expérience. Je vous les ai résumées ici, considérant ma propre expérience et ce dont je me souviens des échanges avec les autres participant(e)s lors de la dernière journée (où nous pouvions parler avant de retourner à nos activités habituelles)
- Les longues périodes de méditation assise (10 heures par jour) entraînent, vous vous en doutez bien, des douleurs physiques, comme des maux de dos, des douleurs articulaires ou des engourdissements. C’est particulièrement difficile pour ceux qui ne sont pas habitués à rester immobiles pendant de longues périodes et nous devenons des “experts de l’assise parfaite” qui nous convient un peu mieux chaque jour, avec coussins, bancs, couvertures et chaises au besoin (pour ceux qui en font la demande)
- C’est tout un défi, croyez moi, d’observer les sensations corporelles et de rester concentré sur l’instant présent, vivant dans une époque où nous avons du mal à calmer l’esprit et à rester concentrés, sans penser ni au passé ni au futur, ou à telle ou telle personne, expériences ou évènements.
- La méditation réveille bien souvent des émotions refoulées ou difficiles à affronter, et nous confronte à des souvenirs douloureux ou à des sentiments que nous avons ignorés auparavant. Là encore, nous sommes invités à les accueillir avec les enseignements d’anicca (l’impermanence).
- Tout dans l’existence est impermanent, en constante mutation et sujet au changement. Rien n’est permanent, et tout ce qui naît est destiné à cesser d’exister (tel est vrai aussi pour les sensations physiques et les émotions moins « agréables » que l’on ressent)
- Le fait de ne pas pouvoir communiquer avec les autres participants pendant la retraite est un aussi défi, habitués à des interactions sociales constantes. Je n’ai pas trouvé cet aspect difficile. Absorbés que nous sommes dans la pratique et déterminés à suivre le processus, nous développons toutes sortes de stratégies pour y parvenir. Chaque jour des périodes sont toutefois prévues pour pouvoir poser nos questions à l’enseignant attitré du séjour et en tout temps aussi à ses assistants.
- Suivre les règles strictes de la retraite y compris le silence, l’abstinence de distractions extérieures (téléphone, lecture, etc.), fut difficile pour certains participants. Certains ont flanché et “triché” à quelques reprises et nous l’ont avoué à la toute fin !
- Les journées longues et intensives de méditation entraînent une fatigue mentale et physique, qui rend parfois la pratique difficile. Mes bouchons dans les oreilles pour dormir, la marche en forêt et mon bain chaud quotidiens furent mes meilleurs alliés pour récupérer.
- Bien-sûr, nous éprouvons des doutes et des remises en question quant à l’efficacité de la méthode ou nos propres capacités à atteindre les objectifs de la retraite. Nous l’avons choisie, nous persévérons, notre corps et notre esprit s’adaptent à cette discipline et cette réalité qui nous étaient inconnus jusqu’ici et nous nous surprenons à découvrir des choses jusqu’ici insoupçonnées sur nous-même, la vie, la nature.
- La technique implique d’observer toutes les sensations, même celles qui peuvent être inconfortables, désagréables. Rester ouvert et accepter ces sensations est un véritable défi qui en vaut, croyez-moi, vraiment l’effort.
Ces difficultés font partie intégrante du processus de méditation, et la plupart de ceux et celles avec qui j’ai échangé à la fin, tout comme moi-même, en avons retiré des bénéfices très significatifs.
Quels en sont les grands bénéfices que j’en ai retiré ?
- Pour ma part j’en suis ressortie avec une clarté mentale accrue, une meilleure concentration et une conscience accrue de mes pensées, de mes émotions et même des sensations physiques.
- Un grand sentiment de paix intérieure, de calme et de stabilité émotionnelle m’habitait quand j’ai complété le séjour. J’ai fait le chemin de Montebello jusqu’à chez nous en empruntant les petites routes de campagne, le long de la rivière des Outaouais pour éviter la vitesse des autoroutes. Je me suis engagée à poursuivre la technique tous les matins, j’ai tenu bon pendant 6 semaines environ , puis de façon plus distancée par la suite et retrouve à chaque fois que je m’y remet ces grands bienfaits ressentis !
- Cette pratique m’a donné de nombreux outils puissants pour réduire encore plus le niveau de stress, auquel nous sommes tous confrontés, et a amélioré grandement ma capacité à faire face aux défis de la vie quotidienne. 2023 ne m’a d’ailleurs pas épargné de ce côté ! J’ai eu de belles occasions de mettre en pratique ce que j’ai appris et expérimenté
- J’ai développé également une conscience plus profonde de mes habitudes mentales et comportementales, ce qui m’a aidé à apporter d’autres petits changements positifs dans ma vie.
- J’ai ressenti aussi une connexion plus profonde avec ma spiritualité ou un sentiment de ‘transcendance », appelez-le comme vous voulez, que je n’avais jamais ou rarement vécu de la sorte.
- L’ attitude d’acceptation inconditionnelle envers les expériences que j’ai vécu sur place, a favorisé ma compréhension et mon expérience de l’équanimité, que j’essaie de garder face aux hauts et aux bas de la vie.
Après avoir passé ce temps si précieux à me concentrer sur la méditation et l’observation de soi, un beau et grand sentiment général de bien-être physique et mental m’habitait, au sortir de ces 10 jours.
Bien-sûr, il s’étiole parfois et ce malgré mes plus de vingt-deux ans d’expériences et d’enseignements du yoga, avec les nombreux outils et techniques que je connais. Me connecter mentalement à cette expérience, écouter les audios, vidéos que l’on nous fournit à la fin, me remettre à pratiquer les techniques apprises, dans mon quotidien, (soit dans l’assise ou les activités routinières de mes journées) me ramènent quasi instantanément à cet état si bénéfique que je ressentais là-bas.
J’espère avoir pu vous éclairé un peu sur cette expérience, dont vous aviez peut-être entendu parler, et peut-être vous avoir donné envie d’y aller vous aussi !
Visionner cette petite vidéo et visiter leur site web : https://suttama.dhamma.org/fr/